mardi, 18 décembre 2018 20:14

Procès Icc Services : des déclarations à charge contre des officiels gouvernementaux

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Le deuxième jour du procès de l’affaire Icc Services devant la CRIET a été moins long que le premier mais riche en déclarations. Toutes, faites par trois personnes, deux accusés et un sachant, accablent d’anciens officiels du régime de Boni Yayi dont le l’ancien président lui-même et son collaborateur de l’époque, Pascal Koupaki.

Révélations ou déballages ? En tout cas, les dires des trois intervenants de ce deuxième jour du procès de l’affaire Icc Services étaient bien dirigés contre des membres de l’appareil d’Etat au moment des faits entre 2006 et 2010.

Le mode opératoire

Guy Akplogan, le Pdg de Icc Services qui déposait devant la Cour depuis hier, a poursuivi sa déposition. A la demande du président de la Cour, il en a dit un peu sur le fonctionnement du placement d’argent chez Icc Services. M. Akplogan a donné l’exemple d’un dépôt de 150 000 francs. L’épargnant qui fait cette mise, commence par toucher après trois mois 60 000 tous les trimestres. Au quatrième paiement des intérêts, l’épargnant a la possibilité de récupérer le capital de 150 000. Que gagne l’entreprise qui s’engage à payer 240 000 en intérêts annuels pour un dépôt de 150 000 ? Où trouvez-vous l’argent ? Avez-vous souscrit à une police d’assurance ? Les questions de curiosité du président de la Cour n’en finissaient pas. Comme réponse, l’accusé fait savoir que les intérêts sont payés avec l’argent gagné dans les activités rentables comme l’achat et la revente des produits tropicaux en provenance du Nord Bénin.

Ce mode opératoire efficace selon Guy Akplogan permettait à Icc Services de disposer de fonds nécessaires pour le remboursement des clients. D’où son insistance sur la solvabilité de son entreprise. “Icc Services n’a jamais manqué de sous pour payer”, affirme l’homme qui explique que l’argent gagné en dehors des activités de placement pouvait régler les épargnants.

Pourquoi, n’a-t-il donc pas été possible de rembourser les clients qui s’étaient rués vers les agences pour retirer leurs dépôts ? Cette question devrait être adressée à l’ancien président Boni Yayi selon le sieur Akplogan.

Conteneur rempli de 27 milliards

Le même Akplogan affirme qu’une somme de 27 milliards de francs Cfa gardée en espèces dans un conteneur au domicile de l’un de ses collaborateur a été enlevée par hélicoptère. Sous les ordres de qui ? Son compère Emile Tégbénou, propriétaire de la maison entrepôt est mieux indiqué pour répondre. Le président de la Cour lui donne la parole. Il confirme, précisant qu’il s’agissait exactement de 27,250 milliards provenant de ses propres affaires en dehors de Icc Services.

Emile Tégbénou qui était appelé à prendre la parole exceptionnellement avant sa déposition, a aussi cité des noms d'officiels. Ce qui va amener l’avocat constitué des victimes, Me Gustave Kassa à demander à la Cour de prendre toutes les dispositions pour ce que les personnes nommées par l’accusé soient convoquée devant la CRIET. Ce sera fait, a promis le président Cyriaque Dossa qui confie que le procureur a pris note des noms cités. Mais Me Kassa se fait plus précis en demandant que toutes les personnes ayant siégé dans les différents comités (comité de crise et comité de suivi) mis en place pour gérer la crise Icc Services en 2010 doivent être écoutées.

Yayi et Koupaki mis à l’index

Lui n’était membre d’aucun comité mais il se présente comme un “bouc émissaire” dans l’affaire. Il s’agit de l’ancien procureur général près la Cour d’appel de Cotonou, Georges Constant Amoussou limogé au début du scandale en 2010 et incarcéré jusqu’en juillet 2015. L’homme libéré sur ordonnance de la Cour suprême, accuse le gouvernement de Boni Yayi d’avoir couvert les activités de Icc Services malgré leur illégalité. Selon lui, l’ancien président et son ministre d’Etat à l’époque seraient les vrais initiateurs de Icc Services contrairement aux déclarations de Koupaki devant la même cour hier. Un projet politique selon le magistrat pour permettre aux deux hommes d’exercer le pouvoir pendant 20 ans. 

M. Amoussou a aussi fait des aveux. Lui-même est une victime de Icc Services. Il révèle avoir, avec sa femme décédée pendant son séjour en prison, fait un placement. Les intérêts dont le paiement a surpris le magistrat selon ses propres aveux ont été ensuite replacés avec le capital de départ. Mais il n’aura pas le temps de toucher les fruits du nouveau placement à risque avant que le système ne s’écroule. Questionné avec insistance par le président de la Cour et les avocats sur son son choix de faire de dépôt d’argent dans une entreprise aux activités illégales, Georges Constant Amoussou répond qu’il avait ses raisons qu’il ne veut pas révéler. Au surplus, il ne savait pas quel taux d’intérêt était illégal ou pas, s’est-il défendu.

 

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