C'est en cette matinée du 02 juillet 2014 que les cinq membres désignés de la commission électorale autonome (Cena) prêtent serment devant la cour constitutionnelle. L'installation des membres de l'organe électoral augure-t-elle de la tenue prochaine de ces élections communales attendues depuis plus d'un an maintenant ?
Les cinq membres de la Cena désignés par l'Assemblée nationale le 18 juin dernier vont prêter serment devant la Cour constitutionnelle ce mercredi matin. Ils prendront fonction pour un mandat de sept ans. Ainsi en a disposé le nouveau code électoral suivant lequel la Cena devient permanente. C'est un changement majeur par rapport à la pratique habituelle. Auparavant, les membres de cet organe sont désignés et l'institution installée à la veille des échéances électorales. Cette formule avait donné lieu à plusieurs reproches, dont notamment une organisation et une conduite approximatives des processus électoraux. En pérennisant la Cena, le nouveau code électoral entend remédier à cette insuffisance.
Emmanuel Tiando, Basile Fassinou, Freddy Houngbédji, Moise Dossou et une femme en la personne de Geneviève Bocco Nadjo auront l'honneur d'être les premiers à siéger au sein de la Cena nouvelle formule. Mais ils auront surtout la lourde charge d'organiser les prochaines élections locales et municipales sans cesse repoussées depuis 2013, ainsi que les prochaines consultations au Bénin jusqu'en 2021.
Une Cena qui a mis du temps à se mettre en place
Le choix des membres de la Cena nouvelle formule a connu plusieurs péripéties. En effet, prévus pour être désignés le 20 mai, les noms des cinq membres n'ont pu être connus que le 18 juin au bout d'un mois de tractations. Conformément au nouveau code électoral, la majorité parlementaire et la minorité devaient respectivement désigner deux membres, et le cinquième par consensus. Au titre de la majorité Emmanuel Tiando et Moise Dossou ont été choisis tandis que la minorité a jeté son dévolu sur Basile Fassinou et Freddy Houngbédji. La désignation du membre représentant des magistrats a a été reportée deux fois.
Vers la tenue des élections locales et municipales en 2015 ?
La question est désormais sur les lèvres. En effet, à la suite de la désignation des membres de la Cena qui prêtent serment aujourd'hui, on pourrait espérer une tenue prochaine des élections locales et municipales. Pour non correction de la liste permanente électorale informatisée, le Bénin a raté la tenue de ce scrutin, accordant ainsi une prolongation au mandant des élus locaux échu en 2013. Pour rappel, ladite liste ayant servi à l'élection présidentielle de 2011 a été fortement contestée et a donné lieu à de grands remous dans le débat politique.
La désignation des membres de la Cena ne doit pas jeter le voile sur les autres difficultés que rencontre ce processus. L'épineuse question de la correction de la LEPI reste entière. A ce jour, ce fichier électoral n'est toujours pas prêt.
Or, la Cour constitutionnelle dans sa décision DCC 14-103 du 27 mai 2014, exige l'utilisation de la Lépi pour toute consultation électorale au Bénin, rejetant ainsi une proposition de loi de l'opposition parlementaire proposant l'emploi d'une liste ad-hoc. Dans le même temps, le Cos-lepi, l'organe chargé de dépoussiérer la liste contestée a du mal à remplir sa mission depuis plus d'un an. Il arrive à peine à respecter les délais qu'il se fixe lui-même.
La prestation de serment des membres de la Cena ce jour a le mérite d'afficher que des progrès se font. Cependant, il ne faut pas perdre de vue la principale difficulté qu'est le toilettage de la liste électorale. A moins d'un an de la fin du mandat des députés et plus d'un an après l'expiration de celui des élus locaux, les espoirs de voir les élections se tenir cette année sont encore loin d'être comblés.
Maurice Thantan