mardi, 21 février 2017 17:34

[Série] Histoire de la Conférence nationale : le 21 février 1990, Kérékou met en garde contre un coup d'Etat

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(Cet article est une nouvelle publication à l'occasion de l'anniversaire de la Conférence nationale de 1990) 

Le 21 février 1990, la Conférence nationale est déjà à son troisième jour sur les six  prévus. La veille, le présidium avait été installé et le règlement intérieur adopté. Et un certain débat sur la question de la souveraineté de la Conférence avait commencé. Une prétention inadmissible pour le Général Kérékou. 

La littérature sur la Conférence nous apprend qu’une “partie des délégués est favorable au vote de la souveraineté et l’autre y est opposée”.

Ce mercredi 21 février donc, les débats reprennent sur l’épineuse question. Les dignitaires du Parti de la Révolution populaire du Bénin (Prpb), irréductibles soutiens du Général Kérékou s’opposent à toute idée de déclaration unilatérale de souveraineté de la Conférence.

Les débats sont passionnés au point où le président Kérékou s’invite sur les lieux peu après 11 heures. Objectif de cette “visite imprévue”, recadrer les délégués réunis à l’Hôtel Plm Alédjo : il n’est pas question que la Conférence soit souveraine. Le dirigeant révolutionnaire craignait que l’échantillon du peuple réuni opère un coup d’Etat.

Certains réclamaient en effet la démission de Kérékou. Face au présidium dirigé par l’Archevêque de Cotonou, et assis faisant dos à la grande masse de délégués plongés dans le silence, Kérékou se lâche :

“ (...) Il n’y pas de grandes manoeuvres politiques ou intellectuelles à entreprendre dans cette salle. Nous voulons, en ce qui nous concerne, en finir avec les coups d’Etat, civils ou militaires. Mais si l’histoire devrait un jour nous prouver le contraire, alors, Monseigneur, nous pensons que vous n’hésiterez pas à accepter de nous confesser”

Kérékou refuse de démissionner

L’assemblée craintive ne dominera sa torpeur que lorsque le président la met au défi de créer une “commission nationale” chargée d’élaborer une nouvelle Constitution pour remplacer la Loi fondamentale en vigueur depuis août 1977. Tonnerre d’applaudissements… très refroidie par ces propos :

“Mais si vous vous transformez en assemblée constituante, on ne vous prendra pas au sérieux.”

Mieux, en lieu et place d’une certaine souveraineté de la Conférence comme garantie de l’application des décisions, Kérékou propose un comité de suivi. Puis il concède de remanier le gouvernement pour la période de transition. Avant de marteler :

“Ce qui n’est pas tolérable et ce qui n’est pas applicable-à notre avis hein, puisque nous ne sommes pas juriste-c’est de croire que le gouvernement actuel est démissionnaire ou il va démissionner à la fin de vos travaux.”

Et plus menaçant : “Qu’on ne nous dise pas ‘démissionne !’". 

A suivre...

Lire aussi >> [Série] Bénin : L’histoire de la Conférence nationale des Forces vives de février 1990

 

 

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