L’élection présidentielle devant choisir le remplaçant de Boni Yayi à la tête du Bénin est prévue pour le 28 février 2016, et désigner un candidat sérieux pour le scrutin n’est pas chose facile. Les prétendants pressentis comme confirmés sont nombreux et différencier le bon grain de l’ivraie peut relever du casse-tête, tant ils se valent et surtout qu’aucun ne se démarque véritablement.
Pour pallier le problème, le vizir Akandé Olofindji est allé chercher une solution pour le moins originale dans le passé marxiste-léniniste du Bénin : monter sur une table et défendre son projet de société afin de convaincre les électeurs. C’est la méthode “opération table” qu’a trouvée l’autorité morale traditionnelle dans le cadre de son Forum du Développement du Bénin et à laquelle il entend soumettre tous les prétendants au titre de président du Bénin. Rendez-vous est donné aux potentiels candidats et aux électeurs pour le 7 janvier 2016.
L’exercice consistera pour chaque candidat à monter sur une table et soutenir son projet de société devant l’assistance. La foule valide ou rejette les propositions des candidats par acclamation ou par des huées.
Bien qu’inhabituelle, l’opération table n’est pas nouvelle. Elle avait cours sous le régime marxiste-léniniste du Général Mathieu Kérékou pour élire les chefs de quartiers de ville et de village.
“Pendant la révolution, les gens montaient sur la table. Et quand il est faux [sic], on lui dit descendre. C’est la même chose qu’on veut faire maintenant.”
Mais le vizir Olofindji assigne des objectifs différents à la méthode. Il veut choisir le “candidat consensuel national”. Ce dernier ne sera pas tout de même élu pour être un simple président de la République. Olofindji le veut un nouveau Mgr de Souza, du nom de l’évèque qui a conduit avec un succès éclatant les travaux de la célèbre conférence des forces vives de la nation de février 1990 par laquelle le Bénin a transité d’un régime marxiste-léniniste à un régime démocratique.
“Nous l’appelons un nouveau Mgr de Souza qui va conduire le quinquennat de transition 2016-2021(...). Une fois élu, [il] va créer un gouvernement d’union nationale et va procéder pendant ce quinquennat à la révision de notre Constitution.”
Akandé Olofindji a aussi mentionné les impératifs qui appellent cette réforme constitutionnelle qui a beaucoup agité l’actualité nationale ces cinq dernières années. Pour lui, il faut dégraisser un gouvernement à ses yeux pléthorique.
“Nous sommes préoccupés par les non-dits de la constitution. Le Nigeria qui fait 20 fois le Bénin, quand il a 15 ministères, nous, nous en avons 34 ici. La Suisse à sept ministères quel que soit le premier Ministre élu.”
Et il met aussi en garde. Si un candidat ne répond pas à l’appel de l’opération table, c’est qu’il n’est pas propre. Les candidats qui vont se dérober à l’épreuve ne pourront compter sur le suffrage du vizir ni sur celui de son électorat.
Olofindji, défenseur des traditions africaines
Akandé Olofindji a déjà fait parler de lui à plusieurs reprises dans l’actualité béninoise. Panafricaniste convaincu, il fait partie de ceux qui propose diverses idée pour réaliser l’unité africaine et un retour aux traditions du continent. Candidat malheureux lui-même au premier tour de l’élection présidentielle de 2001, il a exigé que les candidats du second tour qui souhaiteraient bénéficier du report de ses voix se présentent à son sanctuaire où ils boiraient un breuvage sacré sur lequel ils allaient jurer de respecter ses recommandations basées sur la tradition.
Plus récemment en novembre 2014, il s’est signalé dans l’actualité par une grève de la faim pour forcer l’aval du gouvernement à son projet de construction du siège de l’humanisme pour 5 milliards de dollars US.
Maurice Thantan (@seigla)