Il n’y a eu aucune annonce officielle de la part des opérateurs pour avertir les abonnés des changements sur les tarifs. Mais dès la soirée du mardi, des internautes sans doute bien introduits ont partagé sur les réseaux sociaux des grilles tarifaires qui seraient proposées par les opérateurs.
Apparemment la taxe sur les Mo devrait être répercutée à partir de ce soir ! #Mtn et #Moov changeraient les tarifs à minuit !#TaxePasMesMo #team229
— Marie-Cécile Zinsou (@McZinsou) 18 septembre 2018
Si ces taxes sont vraiment mise en vigueur ce soir, le gouvernement du Bénin aura très clairement montré que nos voix ne comptent pas. Le projet d’une économie numérique dynamique n’était en fait qu’une promesse ?? @gouvbenin #TaxePasMesMo
— Fifa (@MylneFlicka) 18 septembre 2018
Tout sera confirmé, suscitant la colère sur la toile ; colère perceptible sur les publications qui inondent les réseaux sociaux depuis lors.
Vous allez détruire la vie, les projets, les rêves, le gagne-pain honnête de beaucoup de gens. #TaxePasMesMo
— Muriel ALAPINI (@murielofficiel) 18 septembre 2018
Même des non Béninois qui suivent l’actualité béninoise s’y mettent. C’est le cas de Julie Owono, directrice executive de l’Ong Internet Sans Frontières, qui dans un message sur Twitter juge “extrêmement grave” l’augmentation des tarifs de connexion.
La taxe sur les réseaux sociaux est finalement entrée en vigueur au Bénin. @Internet_SF s’inquiete des conséquences négatives qui vont en découler. La liberté d’expression et neutralité du net viennent de disparaître. C’est extrêmement grave. #TaxePasMesMo https://t.co/0xrqmYoWMA
— julieowono (@JulieOwono) 19 septembre 2018
Taxe sur les réseaux sociaux
Ce sont les réseaux sociaux dont se servent les internautes qui sont visés par le décret auquel les opérateurs se conforment désormais pour augmenter leurs tarifs.
Signé le 25 juillet 2018, le décret n°2018-341a introduit une “contribution sur la consommation des services de communication électronique fournis par les réseaux ouverts au public en République du Bénin”.
Il est question notamment de percevoir 5 FCFA de “contribution” par mégaoctet de connexion sur les réseaux sociaux. Objectif, épauler les opérateurs dont les services (voix et SMS) sont délaissés au profit des applications de réseau social, selon le ministre des Finances qui s’en expliquait fin août à Cotonou, à l’occasion du Bénin Investment Forum. Romuald Wadagni avait alors fait une classification plutôt inattendue des usages possibles de l’Internet :
“(...) Le coût change pour les réseaux sociaux et des usages ludiques. Vous téléchargez de la musique, un film ; vous faites des transferts d’images [par] WhatsApp qui critiquent le gouvernement et qui critiquent vos amis - libre à vous de le faire - mais vous payez le prix qui est légèrement plus fort (...).”
Dans la foulée, un mouvement est lancé sur les réseaux sociaux pour appeler à l’annulation du décret. Avec le hashtag #TaxePasMesMo, les internautes publient sur Twitter et Facebook des messages de contestation d’une mesure aux conséquences multiples. “Elle constitue une menace réelle pour la liberté d‘expression, l’innovation numérique, la réduction de la fracture numérique”, selon six associations de l’écosystème d’Internet au Bénin qui ont fait une déclaration publique le 11 septembre.
Appelant à son annulation, ces associations d’acteurs de l'Internet relevaient aussi que le décret “est en incohérence avec les efforts du gouvernement dans le secteur du numérique car, au-delà des revenus immédiats que l’Etat pourrait tirer de cette taxation, cette mesure conduira à une déstructuration de la dynamique actuelle dans le secteur”. Rien n’y fit, les nouveaux tarifs sont entrés en vigueur ce mercredi. De quoi relancer de plus belle la lutte...