Trois co-accusés écopent de la même peine que Sébastien Ajavon. L'homme serait en exil en France. Depuis Paris, ce jeudi il avait annoncé sur Radio France Internationale qu'il ne comptait pas se rendre devant les juges. Pour lui, la résurgence de l'affaire "cocaïne pure" vise à l'anéantir.
Le 28 octobre octobre 2016 la gendarmerie maritime du port de Cotonou a révélé avoir découvert et saisi 18 kg de "cocaïne pure" dans un conteneur de gésiers en provenance du Brésil et destiné à l'entreprise COMON S.A. appartenant à Sébastien Ajavon. Interpellé à la sortie d'une conférence de presse, il avait été gardé à vue pendant huit jours avant d'être jugé par le Tribunal de première instance de Cotonou qui l'a relaxé au bénéfice du doute.
L'affaire était ainsi close selon le président du patronat qui affirme détenir la preuve que le procureur de la République n'a pas fait d'appel de la décision du tribunal qui l'a libéré. Le ministre de la Justice, Sévérin Quenum a soutenu le contraire. Il y a bien eu appel et l'affaire devrait alors désormais être connue par la nouvelle juridiction spéciale qu'est la CRIET installée en août 2018, a indiqué le garde des sceaux lors d'une conférence de presse à Cotonou le 2 octobre soit deux jours avant l'ouverture du procès.
La condamnation par contumace prononcée par la CRIET est issue d'une procédure controversée depuis l'ouverture du procès le 4 octobre à Porto-Novo où siège la CRIET. Sébastien Ajavon absent s'était fait représenter par un collège d'avocats béninois, ivoirien et français. Ceux-ci étaient sortis de l'audience avec le regret de n'avoir pu prendre la parole. Le président de la Cour ayant exigé la présence physique du prévenu. Le scénario s'est reproduit à la deuxième audience sur l'affaire. Après une suspension, les avocats de la défense ont fini par déserter la salle d'audience pour confier à la presse le refus du juge de leur accorder la parole. C'est donc en leur absence que leur client a été condamné lui et ses trois co-accusés qui se sont eux présentés.
La décision était préméditée pour éliminer un adversaire politique selon les avocats du troisième homme de la présidentielle de 2016. Soutien de Patrice Talon pour le second tour, le "roi du poulet" est passé opposant depuis le début de l'affaire de la drogue. En mars 2018, il a créé son parti, l'Union Sociale Libérale. "Le statut d’opposant ne peut être un obstacle à la justice. S si vous êtes reconnu coupable de faits qui relèvent de la criminalité, la justice fera son travail", a commenté le ministre de la Justice, ce vendredi en conférence de presse.